mercredi 30 novembre 2016

LE MODERNISME EST INTRINSÈQUEMENT PERVERS ET AUCUNE COLLABORATION AVEC LUI N'EST LICITE (III)

Après les deux premières parties, que vous pouvez lire ici et , Don Nitoglia tire les conclusions pratiques pour notre époque et la crise que nous traversons.



http://doncurzionitoglia.net/2016/10/19/modernismo-perverso/

PARTIE III

Qu’est-ce qu’un accord ?

« Faire un accord » signifie « uniformiser les idées, opinions, afin d’éviter les conflits, d’avoir les mêmes principes, les mêmes points de vue et la même façon de faire les choses. (N.Zingarelli)  « Accord » veut dire « union harmonieuse de sentiments, opinions, idées »  (N.Zingarelli)  En bref, un accord présuppose que les deux parties se mettent … en accord.  Sous peu, il n’y a donc pas possibilité d’accord entre modernisme et catholicisme, au contraire il y a une divergence diamétrale dans tous les domaines.  A Saint Paul, il a été révélé : « Quel accord entre le Christ et Bélial ? » (II Cor.,VI,15)


Un accord unilatéral peut-il exister ?

Non, parce que, par définition, dans l’accord, les deux parties se mettent d’accord, même si la manifestation de la volonté de s’accorder vient d’un seul côté et est donc « unilatéral » au point de départ, mais il devient bilatéral au point d’arrivée. 

Donc, nous devrions parler de reconnaissance juridique ou canonique.  La reconnaissance canonique est un acte juridique, ce qui suppose une partie principale et supérieure, ayant autorité et domination, et une partie secondaire et inférieure, soumise à l’autorité qui est reconnue.  Mais dans notre cas, c’est le Saint-Siège qui reconnaît et les traditionalistes sont reconnus.  Il serait impensable de croire que les traditionalistes reconnaissent et acceptent le Saint-Siège, qui, par définition, est premier : il n’a aucune autorité humaine au-dessus de lui.

Donc si « la reconnaissance juridique » est unilatérale, cela ne signifie pas que la partie reconnue ne doit rien à la partie qui la reconnaît ; en effet, par définition, elle a accepté une reconnaissance qui est donnée unilatéralement ou seulement de la part du Saint-Siège qui doit alors être payé d’obéissance.  Le mot « unilatéral » est un sophisme utilisé par les modernistes pour faire tomber les traditionalistes dans le piège. Cela ne signifie pas que le Saint-Siège concède tout et que les traditionalistes ne devraient rien ; au contraire, le Saint-Siège remplit le rôle du lion et les traditionalistes, celui de l’agneau.  Prenons un exemple concret : si un usurier, gentiment et « unilatéralement », m’offre une somme de 100 millions d’euros et que je l’accepte, cela ne signifie pas que, par la suite, je ne devrai pas rendre à l’usurier, non seulement la somme prêtée, mais aussi les intérêts lesquels, par la nature même de l’offre « unilatérale », deviennent de plus en plus exorbitants jusqu’à m’étrangler.  (C’est pour ce motif qu’un usurier est dit « étrangleur »)  Dans notre cas, la partie reconnue devrait à la partie supérieure, qui lui a accordé une reconnaissance, l’obéissance et la soumission, comme cela se passe entre en subordonné et son supérieur.  Donc si la concession est donnée « unilatéralement », par la suite, une fois acceptée, on se trouve face à une situation devenue bilatérale par la nature des choses.  Par conséquent, la concession « unilatérale » impliquera immanquablement des conséquences juridiques de rapport entre le sujet subordonné ou subalterne et le supérieur.  Or c’est le subordonné qui obéit et le supérieur qui commande.

C’est une contradiction dans les termes de parler de la pleine reconnaissance des traditionalistes par le Saint-Siège et d’indépendance absolue de ceux-ci vis-à-vis de l’autorité.  Mais un traditionaliste subordonné à un moderniste, c’est comme une souris dans la bouche du chat.

Existe-t-il un danger réel de schisme ?

Le schisme existe quand on refuse l’autorité du Pape, c’est-à-dire quand on ne le reconnaît pas comme le Vicaire du Christ, ayant le pouvoir suprême, immédiat et direct sur l’Eglise universelle.  La désobéissance aux ordres du Pape, si elle ne comporte pas la négation de sa Primauté de juridiction,  mais est faite seulement pour ne pas accomplir ce qui vient d’être commandé, n’est pas un péché de schisme, mais de désobéissance. (cfr. L. Billot, De Ecclesia Christi, Rome, Gregoriana, V ed., 1927, vol. I, Thesis XII, p. 310 ss. ; S. Thomas d’Aquin, S. Th., II-II, q. 39; Cajetan, In Summ. Th., in IIam-IIae, q. 39)


Or l’hérésie rompt le lien de la Foi, au contraire du schisme qui rompt celui de la Charité, mais l’unité de la Foi précède et présuppose l’unité de Charité. (Léon XIII, Encyclique Satis cognitum, 1896; Pie XI, Encyclique Mortalium animos, 1928)

Il est donc clair que l’unité de la Foi prévaut et l’emporte sur celle de la Charité.  Pour cette raison, si on n’obéit pas à des ordres, directives ou exhortations qui vont contre la Foi, non seulement il n’y a pas schisme, mais l’acte est juste car obéir porterait atteinte à la Foi.

On le voit aussi chez Saint Thomas d’Aquin (S Th, II-II, q 10, a 10) Il se pose la question « si on peut avoir des supérieurs infidèles » et il répond « que cela ne doit être permis en aucune manière » parce que ce serait très dangereux pour la Foi des subordonnés.  En outre (St Th, II-II, q 12, a 1 et 2) il enseigne que suivre un chef qui a dévié de la Foi est très dangereux pour l’âme des subordonnés.  Alors, si ce pouvoir est une autorité spirituelle qui n’a pas de supérieur humain, comme celle du Pape, à plus forte raison, la subordination est très très dangereuse si son enseignement n’est pas conforme à la doctrine traditionnelle de l’Eglise, comme cela se passe dans le milieu ecclésiastique depuis Jean XXIII et surtout aujourd’hui avec François Ier.  Il faut donc « faire ce que l’Eglise a toujours fait en période de crise et de confusion qui a envahi toute l’Eglise » (St Vincent de Lérins, Commonitorio, III, 15) et attendre que la tranquillité revienne, et ainsi l’accord viendra spontanément.  Si on marche dans les ténèbres en montagne, on trébuche et on tombe ; pour cette raison, il faut attendre la lumière du jour pour reprendre la marche.  Saint Ignace de Loyola, dans ses exercices spirituels (Règle sur le discernement des esprits, n°318), conseille de ne jamais changer de résolution pendant la période de ténèbres spirituelles, mais de rester fort et constant dans la détermination et la résolution dans lesquelles on se trouvait avant l’obscurité, car dans la lumière, le Bon esprit nous guide et dans les ténèbres, c’est l’esprit mauvais.

Refuser aujourd’hui, pour une certaine période de temps jusqu’au retour de la lumière, un accord avec les ultra-modernistes n’est pas une attitude schismatique parce qu’elle est fondée sur de graves motivations de Foi et de morale, qui nous obligent à ne pas suivre le courant ecclésiastique actuel.  Il faut savoir attendre aussi longtemps que Dieu permettra que dure la crise.  Il ne faut pas se décourager, ni dévier à gauche (un accord prématuré et malhonnête), ni à droite (en déclarant que le Pape régnant est hérétique et déposé ipso facto).  Ce sont les deux chemins que quelques traditionalistes (et dans certains cas, paradoxalement, ce sont les mêmes) prennent aujourd’hui.  Le danger majeur auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, ce n’est pas le schisme qui est agité, par le mondialisme maçonnique et moderniste, comme un épouvantail pour nous inciter à faire un faux-pas.  Non !  Le vrai danger, c’est de perdre la Foi « sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu » (Héb, XI,6)

Conclusion


Un accord pratique avec le néo-modernisme, au minimum, conduirait inévitablement, peu à peu, à l’enfermement de la Tradition dans la sacristie avec la reconnaissance officielle par le modernisme, comme cela s’est produit avec les Indiens d’Amérique enfermés dans les réserves par les WASP (blanc, anglo-saxon, protestant), qui sont régulièrement reconnus et réduits à un minimum comme un phénomène folklorique à montrer aux touristes.  Mais l’esprit catholique « ne se laissera jamais enfermer entre les quatre murs du temple.  La séparation entre la religion et la vie, entre l’Eglise et le monde est contraire à l’idéal chrétien et catholique » (Pie XII, Discours aux curés et prédicateurs de Carême de Rome, 16-03-1946)